Asmahan, chanteuse égyptienne du début du XXe siècle, est, avant tout, une disparition.
Avant cette disparition, une vie que l’on ne peut raconter qu’en une suite d’imprécisions, d’approximations. Née en 1912 ou 1917. Morte en 1944, à 32 ou 27 ans. Deux films en noir et blanc, une vingtaine de chansons
grésillantes, quelques photographies.
Beaucoup d’anecdotes déformées, de témoignages fascinés devenus légendes. Le récit romanesque de ses amours, de ses prises de risque, de ses tentatives de suicide, de sa mort spectaculaire dans les eaux du Nil.
Le mythe, tissé dans la grande Histoire, celle de la Seconde Guerre mondiale, celle du supposé « âge d’or » du monde arabe. Le culte dont elle fait l’objet, encore aujourd’hui. Aujourd’hui plus que jamais.
Elle est irrésolue, inconstante, insatisfaite. Elle est tiraillée, morcelée, écartelée entre toutes les vies contenues en elle, entre Le Caire et Damas, entre Beyrouth et Jérusalem. Elle est un mouvement constant, une fuite vers l’avant. Pas de répit, pas de repos.
On dit d’elle : c’est la diva des nuits du Caire. Mais c’est autre chose qui nous tient en haleine, qui nous attire à elle. Ce sont les lacunes qui nous obsèdent, les silences, les mystères irrésolus. Nous l’écoutons comme une promesse non tenue, nous la regardons comme un horizon aperçu brièvement il y a très longtemps, un horizon aperçu par nos aînés, qui nous ont raconté. Elle habite notre nostalgie la plus profonde, la plus doucereuse. La pire des nostalgies, celle pour un monde que nous n’avons pas connu.
Elle est une chanteuse, elle est une actrice, elle est une artiste. Surtout : elle est une sœur. Elle et lui. Son histoire est aussi celle d’un couple, d’un tandem, d’un duo.
Nous ne pouvons pas dire qui elle était vraiment. Nous pouvons la chercher, lui poser des questions, jouer avec elle. Nous pouvons la convoquer, nous pouvons l’inventer. On pourrait dire que c’est une enquête. Une enquête qui ne suivrait aucune logique, qui serait émotionnelle, poétique, paranormale. Elle est un fantôme que nous allons traquer. Nous allons à sa rencontre.
Dea Liane
Présentation publique | TNS
29 juillet | 19h
Durée 50 min
Autre représentation publique :
28 juillet | 20h | TNS